The Rotating Painting Show

Exposition personnelle, galerie laurent mueller, Paris, 2015
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    Les «  Peintures rotatives  » d’Elvire Bonduelle ont pour point de départ un motif visuel aussi simple et factuel que possible  : la ligne courbe que dessine un rideau se détachant dans le rectangle d’une fenêtre. De cette vision, l’artiste a tiré une série de dessins à la règle qui caractérisent une partie de sa production depuis quelques années. Puis, elle a extrait ce motif de son contexte initial pour le soumettre à un ensemble d’opérations qui ont conduit à des peintures abstraites hard edge, dans la filiation assumée du maître du genre, Ellsworth Kelly.

    Le résultat est d’une grande efficacité visuelle  : l’œil se perd dans l’abîme du noir, tandis que le blanc le ramène à la surface de l’oeuvre. L’artiste a vérifié l’impact de ce contraste saisissant à travers un ensemble de tableaux qui se singularisent par leur mode de présentation  : leur sort n’est pas d’être présentés immuablement alignés sur le mur blanc de la galerie mais plutôt d’être agencés sous des formes changeantes (diptyque, quadriptyque), chaque combinaison offrant au regard une vision différente.
    En effet, le galeriste, tel un performeur, est mandaté par l’artiste pour opérer une rotation de ses œuvres, de préférence à l’insu du spectateur, ceci tant pour le défier, tester sa capacité d’attention que pour laisser un doute s’immiscer. La farce qui se joue ici a également pour but d’amener le spectateur à réfléchir à ce qu’il voit, à exercer son regard. Une problématique déjà abordée par Elvire Bonduelle lors de sa précédente exposition chez Laurent Mueller, «  Salle d’attente III  », au cours de laquelle l’artiste remarquait : «  tout est là : bien souvent, nous ne voyons rien. Nous forçons notre regard, à vouloir voir absolument, là, maintenant, en trois minutes, en trente secondes. »

    Là ne s’arrête cependant pas le propos d’Elvire Bonduelle comme en témoignent d’autres peintures rotatives qui délaissent l’esthétique hard edge   mais qui reprennent également des motifs courbes extraits du réel. Ces œuvres donnent à voir l’épuisement progressif de la peinture emportée par le pinceau sur la surface à peindre. Ce dernier est dirigé du bord supérieur de la toile vers son côté inférieur droit ou gauche, jusqu’à épuisement de la matière picturale. Puis il est de nouveau trempé et traîné pour reproduire le même geste. Les «  Peintures rotatives  » d’Elvire Bonduelle renouent sur un mode inédit avec les pratiques protocolaires de certains concrets, BMPT ou Support-Surface. Avec pertinence et humour, mais avec aussi cette fausse indolence qui la caractérise si bien, l’artiste suscite une réflexion sur la peinture, l’acte de peindre et les conditions de présentation des œuvres.

    Domitille D'Orgeval, 2015

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    Talking about paintings one often starts immediately to think about traditional works on canvas on which illusion of a pictorial space is created. Painting as an alternative for a window. Our view converges, we look into the painting and for a while we leave the surrounding for what it is. Therefore a painting is always recognized as an autonomous object, as something to be look at or in other words to be looked through like looking out of a window. There are painters who attempt to deny this by processing the canvas; not so much the pictorial space but the painterly effect plays the main role. Instead of the window-effect the qualities of the window-glass are pointed out. How transparent or opaque is the paint, how thick the blobs, the colors. In short, paintings with a particular processing that are nowadays known as zombie-formalism and surface-paintings. Now we look on the window instead of through it and yet we detect the thing as autonomous in the space. Space and surrounding still hardly play a role; the effect is still converging.
    If there are disadvantages in painting then certainly this stubborn converging effect is one of them. A diverging working, so from the painting towards it surroundings, hardly occurs. The context in which the work is shown has seldom a direct effect on the image itself as it is much more self-evident in the case of sculpture.        

    So, how to draw that context actively into the image? I think that here  Elvire Bonduelle (1981) has found a manner with her paintings that evoke curtains (hanging in front of window-glasses). She does not deny the limits of a painting; she just uses these by putting the viewer on the wrong track for a short period. The one who doesn't keep continuously an eye on them may not notice that the paintings are now and then quarter turned by the gallerist. Exactly, the context with all its facets suddenly plays an enormous role. The works themselves stay converging, but by this action space is literally in full integrated.

    Niek Hendrix, Lost Painters, 2005