Salle d'attente

Do, Ré, et Mi (trois berceuses), Diplomatie (sept chaises dégradées), Ça va aller (2 chaises et 3 tables basses) et HA HA HA, métal et contreplaqué peints, dimensions variables, 2009.
  • vue générale couple assis

    Exposition Salle d'attente, Centre Culturel Français de Lomé, Togo, 2009. En collaboration avec le peintre togolais Cham et le soutien du SCAC.

  • diplomatie
  • vue rapprochée rocking
  • portrait peinture cham


    "Salle d’attente" est une proposition d'Elvire Bonduelle réalisée en collaboration avec le peintre Cham Wonanu, le soutien du Service de coopération et d’action culturelle français de Lomé et de la compagnie Air France.

    Invitée pour deux mois en résidence à Lomé au Togo, Elvire Bonduelle réalise son projet “Salle d’attente” en collaboration avec des artisans locaux. Il s’agit d’un ensemble de créations inspirées de sa découverte de l’Afrique noire à travers la ville de Lomé. C’est un ensemble d’oeuvres à la limite du design composant, avec les peintures de Cham Wonanu, une salle d’attente.
    Elvire Bonduelle s’est intéressée au motif de la salle d’attente en tant que lieu ordonnant un rapport spécifique au temps, en tant que parenthèse spatiotemporelle propice à l’expérience esthétique. Un espace privilégié pour la contemplation d’oeuvres d’art qu’elle mime ici dans l’espace d’exposition du Centre Culturel Français.

    Au sujet du temps et des différentes acceptions que l’on peut en avoir, voici le texte qui inspira le projet, extrait du roman “Ébène” de Ryszard Kapuscinski.

    "L’Européen et l’Africain ont une conception du temps différente, ils le perçoivent autrement, ont un rapport particulier avec lui. Pour les Européens, le temps vit en dehors de l’homme, il existe objectivement, comme s’il était extérieur à lui, il a des propriétés mesurables et linéaires. Selon Newton, le temps est absolu : « le temps mathématique, absolu, véritable s’écoule de par lui-même, par sa propre nature, uni- formément, et non en fonction d’un objet extérieur ». L’Européen se sent au service du temps, il dépend de lui il en est le sujet. Pour exister et fonctionner, il doit observer ses lois immuables et inaltérables, ses principes et ses règles rigides. Il doit observer des délais, des dates, des jours et des heures. Il se déplace dans les lois du temps en dehors desquelles il ne peut exister. Elles lui imposent ses rigueurs, ses exigences et ses normes. Entre l’homme et le temps existe un conflit insoluble qui se termine toujours par la défaite de l’homme : le temps détruit l’homme.
    Les Africains perçoivent le temps autrement. Pour eux le temps est une catégorie beaucoup plus lâche, ouverte, élastique, subjective. C’est l’homme qui influe sur la formation du temps, sur son cours et son rythme (il s’agit, bien entendu, de l’homme agissant avec le consente- ment des ancêtres et des dieux). Le temps est même une chose que l’homme peut créer, car l’existence du temps s’exprime entre autres à travers un évènement. Or c’est l’homme qui décide si l’événement aura lieu ou non. Si deux armées ne s’affrontent pas, la bataille n’aura pas lieu (et donc le temps ne manifestera pas sa présence, n’existera pas).
    Le temps est le résultat de notre action, et il disparaît quand nous n’entreprenons pas ou abandonnons une action. C’est une matière qui, sous notre influence, peut toujours s’animer, mais qui entre en hibernation et sombre même dans le néant si nous ne lui transmettons pas notre énergie. Le temps est un être passif, surtout dépendant de l’homme. C’est tout à fait l’inverse de la pensée européenne. Pour le traduire en termes pratiques, cela veut dire que si nous allons à la campagne où doit se tenir l’après-midi une réunion, la question « quand aura lieu la réunion ? » est insensée. Car la réponse est connue d’avance : « quand les gens se seront réunis. » C’est pourquoi l’Africain qui prend place dans l’autocar ne pose aucune question sur l’heure du départ. Il entre, s’installe à une place libre et sombre aussitôt dans l’état où il passe la majeur partie de son existence : la torpeur." 

    Ryszard Kapuscinski, extrait de “Ebène, Aventures africaines”, éd. Plon, 1998

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